STEF attend avec impatience la conclusion des négociations avec la Collectivité de Corse concernant la délégation de service public pour la desserte maritime de l’Ile à compter du 1er janvier 2023 et jusqu’au 31 décembre 2029. Les actionnaires aussi.
Pour bien comprendre l’enjeu, il faut regarder les résultats de STEF depuis 5 ans. En voici une version très résumée :
Sur la période, les ventes progressent en moyenne de 4,2 %. Hors année COVID, l’EBIT évolue dans un range compris entre 4,2 et 4,7 %. Le RNC représente lui entre 2,9 et 3,1 % du CA. C’est bien… mais cela pourrait être sensiblement mieux. En effet, la performance de STEF est lestée par les pertes de sa branche maritime, que voici :
Pour avoir une idée de la performance de STEF sur son cœur de métier, j’exclue donc l’activité maritime des résultats financiers dans le tableau suivant :
On voit ici :
• Une progression moyenne du CA de 4,5 % par an
• Une tendance clairement haussière sur l’EBIT avec un niveau record atteint en 2021 à 5,1 %.
• Cette même tendance haussière sur le RNC avec un record de 3,6 % en 2021.
Le groupe STEF est donc en train d’optimiser sa structure et de capitaliser sur l’acquisition de Nagel pour améliorer son levier d’exploitation, dans des proportions tout à fait remarquable pour son business.
Ce magnifique travail est en partie caché par les problèmes à répétition de La Méridionale, devenu un boulet pour le groupe. En plus la branche maritime immobilise plus de capitaux que le reste de l’activité. En 2021, pour dégager 1 € de CA, STEF avait besoin de 0,85 € d’actif. Pour le maritime, pour dégager 1 € de CA, La Méridionale mobilise 1,73 € d’actif. Le constat est simple : les bateaux coûtent plus chers que les camions, et ils rapportent moins.
Dans ce contexte, la possibilité de voir à nouveau la flotte de La Méridionale tourner à plein, dans des conditions économiquement viables changerait la donne. L’attente est donc très forte autour de la finalisation des discussions avec la Collectivité de Corse.
Malheureusement, le dossier, qui semblait bien engagé cet été, achoppe actuellement sur trois sujets épineux :
1. L’Union Européenne a son mot à dire pour valider le principe de délégation de Service Public pour la période 2023-2029. Et pour l’instant, Bruxelles ne s’est pas prononcé.
L’incontournable Corse Matin, fait état du silence de l’UE sur ce dossier. Allez, Messieurs Dames de la Commission, un petit effort : le 1er janvier 2023 c’est pour bientôt et il serait correct que les différents acteurs concernés sachent sur quel pied danser.
2. Les négociations entre les deux acteurs pressentis pour la DSP et la Collectivité de Corse n’aboutissent pas. C’est le volet financier qui coince. L’exécutif corse trouve les opérateurs trop gourmands.
3. Derrière les questions sur le prix se cache la question de la prise en charge des hausses du carburant. Les opérateurs demandent à ce que ce poste soit transparent pour eux, avec une refacturation au coût payé. La Collectivité de Corse, qui n’a pas le budget nécessaire, voudrait un prix fixe… ou une rallonge de l’État français. C’est touchant de voir nos amis insulaires se rappeler qu’ils sont français (quand ils ont besoin d’argent).
Et c’est encore Corse Matin qui explique ce problème.
Bref, l’affaire n’est pas encore entendue et les négociations risquent de durer jusqu’à la dernière minute. Dans ce dossier assez complexe, nous avons malgré tout deux certitudes. La première : il faudra bien que des bateaux assurent la desserte en l’Ile de Beauté et le continent à compter du 1er janvier. La deuxième : ce ne sera pas des bateaux de la compagnie Corsica Ferries.
RDV pour le dénouement d’ici quelques semaines, en espérant qu’il soit favorable à STEF.
Snowball