Bonjour Kaptainkarott,
Ça fait plaisir de voir que la communauté des Daubasses continue à s’élargir : bienvenue !
Merci pour la proposition des CCI des caisses régionales de Crédit Agricole. C’est un dossier (ou plus exactement une famille de dossiers) auquel je crois également beaucoup. Je suis pour ma part passé à l’achat durant la récente période des fêtes.
Voici les raisons qui m’ont conduit à acheter ces titres :
1. Les bancaires sont des actions qui devraient profiter de la hausse des taux.
Comme tout le monde, j’entends la petite musique du retour de l’inflation. Dans une logique de rotation sectorielle, il est donc de bon ton de réfléchir à des secteurs qui ne souffriront pas de la hausse des taux, voire mieux, qui en profiteront.
Les bancaires sont normalement dans ce cas de figure. La hausse des taux produit un effet mécanique qui reconstitue leurs marges et améliore leurs résultats. Les valeurs financières pourraient donc être à la mode pour cette année 2022.
2. Les CCI sont restées valorisés au niveau de mars 2020.
Si on tient pour acquis qu’il faut s’exposer au secteur bancaire, il convient ensuite de choisir le meilleur véhicule. Je regarde pour cela les évolutions des cours des différents acteurs depuis le début de la crise sanitaire :
• La Société Générale progresse de 4 % par rapport à son cours de février 2020
• La BNP gagne pour sa part 20 %
• Quant au Crédit Agricole (ACA, la structure centrale donc), il est pile au niveau d’avant crise sanitaire.
Les CCI des caisses régionales, eux, ont baissé en moyenne de 37 % depuis février 2020. Comme tous les titres, ils ont décroché en mars 2020. Ils végètent depuis lors sur des niveaux proches de la panique boursière de l’époque.
Pour retrouver leur niveau d’avant crise, on peut donc espérer une progression des cours de 59 %.
Il me semble donc qu’il y a donc un potentiel supérieur sur les CCI, comparé aux titres bancaires classiques. Les CCI sont certes moins visibles et bougent plus lentement. Pour autant, il n’y a aucune raison qu’ils ne retrouvent pas (rapidement ??) leur cours pré-pandémie. Leurs fondamentaux financiers sont très bons comme nous allons le voir maintenant.
3. Les résultats 2021 vont être excellents
Les caisses régionales se préparent à dégager des bénéfices 2021 supérieurs à leurs bénéfices 2019.
Je ne rentre pas dans le détail caisse par caisse car ce serait trop long et fastidieux, mais en moyenne, on a les données suivantes :
Résultat net comptable 2019 moyen par caisse : 125 M€
Résultat net comptable 2020 moyen par caisse : 83 M€.
La crise sanitaire a donc induit une baisse du bénéfice de 33 %.
Résultat net comptable semestriel 2020 moyen par caisse : 33 M€
Résultat net comptable semestriel 2021 moyen par caisse : 79 M€.
Soit une progression de 139 %.
Les bénéfices du T3 sont eux aussi disponible. Je ne les reprends pas ici, à chacun de faire ses devoirs. Les progressions de résultats sont spectaculaires.
A mon sens, le marché n’a pas encore totalement intégré la qualité des résultats à venir.
Les cours de bourse actuels des CCI comparé aux résultats 2019 montrent un PER de 6,90. Avec un résultat à venir en progression, y compris sur 2019, je pense que nous avons dans les cours actuel un PER implicite compris entre 6,0 et 6,5.
Le marché actuel montre un PER de 8,0 pour la Générale de 8,45 pour ACA et de 9 pour la BNP. Si les CCI des caisses régionales devaient, eux aussi être valorisé sur la base de PER à 8,5 *, alors leurs cours de bourse devraient être 36 % supérieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui.
4. Le rendement est bon
Sans surprise, les dividendes versés en 2020 et 2021 ont été négativement affectés par la pandémie. Malgré cela, on trouve, et là encore de façon moyenne sur l’ensemble des CCI les taux suivants :
• Rendement 2019 = 4,3 %
• Rendement 2020 = 3,5 %.
Rien d’éblouissant, mais c’est toujours mieux que le livret A (même si j’y eu le bonheur incommensurable d’apprendre ce matin que son taux pourrait être porté à 0,8 %. Youpeeee !

).
Si les caisses régionales conservent un taux de distribution proches des exercices précédents, le dividende va exploser et le rendement avec.
J’anticipe pour ma part un rendement de l’ordre de 6 / 6,5 % à venir.
5. Le niveau de décote sur capitaux propres interpelle et mériterait l’attribution du titre officiel de Daubasse
Bien entendu, nous sommes ici sur des dossiers bancaires et la ratio Price to Book, n’est pas forcément le plus pertinent… mais quand même, il est impossible de passer à côté d’une telle décote.
En moyenne sur l’ensemble des CCI capitalisent un tout petit 26 % des capitaux propres correspondant.
Il y a très peu de titres sur la place de Paris qui offrent de tels ratios. Les adeptes du forum remarqueront que nous sommes ici sur le même niveau que Clairefontaine (P/B à 0,25)… mais avec un business en croissance, tout à fait rentable et plutôt généreux en dividendes.
Les bancaires dans leur ensemble sont actuellement moins valorisées en bourse que leur valeur comptable avec les ratios suivants :
• Société Générale : 0,44
• BNP : 0,69
• ACA : 0,62
Soit un ratio P/B moyen de 0,58. Pour que les CCI soient valorisés sur la base du même ratio, il faudrait que leurs cours progressent de 123 %.
Un ami de longue date, également abonné ici et que je salue, m’a expliqué à juste titre que la référence aux capitaux propres avait peu de sens ici. Pourquoi ? Parce que les CCI sont privés de droits de vote et qu’il ne peuvent donc pas s’analyser comme un vraie action. Ce point est parfaitement valide. Il faut donc valoriser la décote spécifique lié à l’absence de droits de vote.
Ce même ami m’a fourni le moyen pour le faire : le rapport de l’expert indépendant émis lors de la sortie de cote des CCI de la caisse d’Aquitaine. Même si ce document a quelques années, je recommande très fortement sa lecture avant d’investir sur ce sujet. Du coup, je le met en pièce jointe. Cela permet de bien comprendre les enjeux et les spécificités de ces titres. Au risque de spoiler un peu, voici l’un des arguments phare de l’expert : l’absence de droits de vote doit être valorisé à 20 % des capitaux propres. Lors de l’émission des CCI, c’est ce taux de 20 % qui a été utilisé. Pour lui, c’est le bon niveau de décote à considérer pour les CCI. Pour l’expert, les CCI ont donc une valeur intrinsèque égale à 80 % des capitaux propres correspondant. Avec cette perspective, on a un potentiel de hausse de 208 %.
6. Cerise sur le gâteau : il y a une option gratuite dans chaque titre.
Le capital des caisses régionales est composé des 3 types d’instruments :
• Les actions classiques avec droits de votes,
• Les CCI, ou Certificats Coopératifs d’Investissements, sans droit de vote, accessible à tous,
• Les CCA, ou Certificats Coopératifs d’Associé, là aussi sans droit de vote mais réservés à la structure Centrale du Crédit Agricole. Les caisses régionales détiennent majoritairement ACA. Mais ACA investit également dans les caisses régionales via ces CCA.
Il y a quelques années ACA avait besoin d’argent. Les caisses régionales ont alors volé au secours de leur structure nationale en décidant de rembourser des CCA à leur valeur comptable, au niveau des capitaux propres donc. Ce rachat a été proposé pour les CCA, mais pas pour les CCI. Certains y ont vu une rupture de l’égalité entre associés. Colette Neuville, elle, a vu rouge et a attaqué les caisses régionales. Selon son association de défense des actionnaires minoritaires, elles auraient dû proposer un rachat des certificats coopératifs à tous les porteurs et non pas seulement au Crédit Agricole. Elle demande donc à la justice de rétablir l’égalité entre porteurs de certificats en obligeant des caisses régionales à racheter les CCI à leur valeur comptable auprès de tous les porteurs qui le souhaiteraient.
Toutes les décisions de justice ont pour l’instant confirmé le choix des caisses régionale et débouté l’ADAM… mais des recours sont toujours en cours et la justice travaille encore sur le sujet. Une bonne nouvelle sur ce front est improbable, mais pas impossible. Si d’aventure, la justice devait donner raison à Dame Colette, alors, le gain potentiel pour les porteurs de CCI est de 285 %.
Pour toutes ces raisons, j’ai donc imité Kaptainkarott et mis quelques CCI dans mon portefeuille.
Snowball.