Après avoir passé mon samedi après-midi à faire une forme de déconsolidation sur TXCOM en cherchant ici ou là quelques dizaines de milliers d’euros, je suis revenu dans la cour des -très très- grands : DIOR et sa capitalisation à 122 milliards. J’aime ne pas avoir de taille limite sur mes dossiers et aller du très petit à l’infiniment grand !
Aujourd’hui au programme : la lecture du projet de note d’information dans le cadre de l’OPR + RO de la Financière Agache, la maison mère de Christian Dior et donc la grand-mère de LVMH.
On peut lire le document ici.
Première remarque : ce projet de note a été déposé à l’AMF le 28 avril. L’information que j’avais lue et relayée sur un départ de la holding vers d’autres cieux fiscalement plus cléments été donc erronée : la Financière Agache est manifestement toujours française, avec son siège 11 rue François 1er, dans le huitième arrondissement de Paris. Mea culpa.
Le prix de l’offre est de 44.000 € par titre. La société était cotée au premier marché parisien jusqu’en janvier 1997, date à laquelle elle a fait l’objet d’une OPR sans RO. Le retrait s’était fait à 2.317 FF ou 353 EUR. Les actionnaires qui ont patienté 24 ans en acceptant le non coté ont donc eu raison. La valeur de leur placement a été multipliée par 125,
soit un taux annuel de progression de 22,3 %. Je ne parle ici que de plus-value. Je n'ai pas eu la patience de retracer les dividendes.
En simplifiant un peu les choses, le seul actif de la financière Agache est sa participation de plus de 95,29 % dans DIOR (171.917.039 actions détenues). Au passif, la Financière Agache a une dette de 2,3 milliards d’euros. Le prix proposé pour l’OPR, 44.000 €, extériorise donc une valeur du titre CDI à 717 €. Mon calcul est une simple extrapolation du tableau page 28 du projet de note d’information qui indique qu’avec une valeur de CDI à 694 €, l’ANR de la Financière Agache se monte à 42.590 € par titre.
Je me suis pincé plusieurs fois pour être sûr que je ne rêvais pas… Mais après de multiples vérifications, c’est un fait incontestable : Bernard Arnault vient de déposer à l’AMF un document dans lequel il valorise
CDI à 717 € par titre ! Je bois du petit lait aujourd’hui.
Si la valorisation me ravit, la méthode me convient elle aussi parfaitement. Je vous livre mes extraits favoris du document. Ce ne sont que des citations, que j’ai trouvées successivement aux pages 8, 22, 24 et 26 du document :
« L’Offre et la détention de 100% des actions de la Société par les Actionnaires Majoritaires qui en résulterait s’inscrivent dans un processus de simplification des structures de contrôle des sociétés cotées Christian Dior et LVMH, qui est mené depuis plusieurs années. Cette stratégie vise principalement à rationaliser l’organisation juridique du groupe, à faciliter les financements et flux de trésorerie intra-groupe, à optimiser la gouvernance des différentes entités et leurs coûts de fonctionnement. »
« L’approche de valorisation par l’actif net réévalué (« Actif Net Réévalué » ou « ANR »), qui constitue la méthode de référence retenue par le marché dans le cadre d’offres publiques portant sur des holdings financières, a été retenue comme méthode d’évaluation pour Financière Agache. »
« Il est rappelé qu’aucune décote de holding ou d’illiquidité n’a été retenue dans le calcul de l’Actif Net Réévalué de Financière Agache. »
« La fiscalité latente n’a pas été prise en compte pour les titres lies à la détention directe ou indirecte de LVMH et Christian Dior (qui représentent au total environ 98,5% de la valeur de l’actif net réévalué de Financière Agache). »
J’attends un copié-collé dans la note à venir un jour sur l’OPR + RO de CDI. La base minimale de valorisation serait alors de 1,18 * LVMH, soit les 1,15 * pour l’ANR et une prime de 3 % pour la sortie. 3 %, c’est chiche, mais c’est au final la prime qui est ici proposée.
Et en cadeau, j’extrais du document déposé à l'AMF l’évolution de la prime / décote sur ANR du CDI. Un graphique qui ressemble comme deux gouttes d’eau à
celui que je publiais ici même le 29 mars.
Inutile de préciser que je reste actionnaire de CDI.
Snowball