Cours : 1,00 CAD
Boat Rocker Media est un producteur canadien de contenus audiovisuels fondé en 2003.
Les 2 fondateurs détiennent toujours des actions du groupe mais l’actionnaire majoritaire est Fairfax le groupe d’assurance et d’investissement bien connu. La présence majoritaire de Fairfax me semble être un gage rassurant en matière d’allocation des capitaux.
Introduite en bourse en 2021, pile au moment où le streaming était « tendance », le cours de la société a, depuis, complètement dévissé pour se retrouver, aujourd’hui, à presque – 90 %.
Boat Rocker Media produit donc du contenu qu’il vend aux « streamers » et aux chaînes de télévision traditionnelles. Le catalogue semble assez impressionnant même si, personnellement, n’étant pas un grand fan des productions audiovisuelles, je suis incapable de déterminer si des « blockbusters » se trouvent dans la liste ou si, au contraire, on n’y trouve que des « nanards ».
Pour lancer une série, BRM commence par investir dans la création d’un pilote. Elle va présenter le pilote à d’éventuels acquéreurs pour tenter d’obtenir des financements de leur part. Une fois ces engagements de financement obtenu, BRM se trouve dans la situation du « pile, je gagne beaucoup, face, je ne perds pas grand-chose » : la société crée la série, le film ou le documentaire grâce à ces financements. Si c’est un échec commercial, la perte est alors minime puisque les commanditaires en supportent une grande partie. Si ça marche, alors la création peut être multipliée sur plusieurs saisons et même procurer des revenus sur des produits dérivés (style T-shirt, jeux vidéo, ...).
A noter aussi que BRM effectue aussi des prestations de services en mettant à disposition son savoir-faire et ses infrastructure pour le compte d’autres créateurs.
78 % du chiffre d’affaires est réalisé aux USA et 19 % au Canada.
Depuis son introduction en bourse, l’entreprise n’a enregistré que des pertes.
Jusque-là, elle ne fait pas vraiment rêver mais, le 28/06, BRM a annoncé avoir cédé une de ses filiales à 51 %, Untitled Entertainment, une agence artistique qui représentaient des artistes comme Penelope Cruz ou Dakota Johnson. Il s’agissait d’une des rares branches d’activité dégageant une rentabilité relativement stable.
La vente a été conclue pour un montant de 52 mio de CAD + une participation de 8 % dans l’acquéreur, TPG Group.
Aujourd’hui, la trésorerie nette de dettes financières à laquelle j’ajoute la participation de 8 % dans TPG représente 2,09 CAD par action, soit plus du double du cours de bourse.
J’ai indiqué que la société n’avait connu que des pertes depuis son introduction en bourse mais c’est sans compter les amortissements et réductions de valeur actées à tour de bras durant la période. Durant les années 2020 à 2024, l’Ebitda moyen s’est élevé à 1,25 CAD par action. L’action cote donc sous 1 X son Ebitda moyen (et à peine 3 X l’Ebitda 2023 et 6 X celui prévu pour 2024).
Au 30/06, les fonds propres amputés du goodwill se montent à 4,68 CAD par action, soit 4,5 X au-dessus du cours de bourse actuel. Outre les liquidités et la participation dans TPG, une grosse partie de l’actif n’est pas composée d’actifs tangibles comme on a coutume de l’entendre habituellement.
Ainsi, 1,97 CAD par action est composé de la valeur nette de « contenus » en fonction de l’état d’avancement de chaque projet : 15 % pour les contenus en développement, 20 % pour les contenus en production, 60 % pour les contenus délivrés et 5 % pour des contenus achetés. Plus tangible, Il y a aussi 2,48 CAD de crédits d’impôt à recevoir de la part des pouvoirs publics.
Pour ma part, je vais établir un juste prix prudent pour Boat Rocker Media à 5 X l’ebitda prévu en 2024 augmenté de la trésorerie excédentaire, soit 2,94 CAD ... ce qui laisserait le cours encore 35 % sous la valeur des fonds propres.