Vicat (VCT) - Idée abonné
Publié : 24 février 2020, 15:07
Le 17 février Jacques Merceron Vicat a racheté 1 000 titres la société éponyme qu’il dirige : VICAT. Prix d’achat : 40,31 €.
Cet achat vient à la suite d’une très longue série. Au cours des 5 dernières années, Jacques Merceron Vicat a racheté 180 930 actions de sa société à un cours moyen de 53,64 €. Il a donc déboursé au total 9,7 M€ pour se renforcer dans sa propre structure.
Est-ce un signal d’achat fort ? Pas forcément. La famille Merceron Vicat détient 60,7 % de la société, soit un peu plus de 27 millions d’actions. Vicat sert un dividende de 1,5 € par an, inchangé depuis de longues années. Sur la période de 5 ans étudiée, la famille a donc reçu environ 41 millions de dividendes par an ; plus de 200 millions depuis début 2015. En réinvestissant moins de 10 M€, soit moins de 5 % de dividendes perçus, on ne peut pas dire que Jacques Merceron Vicat mise agressivement sur sa propre société.
Les prix moyens d’achat sur la période témoignent de difficultés boursières de la société :
• En 2015, achat de 50 604 titres à un cours moyen de 60,31 €
• En 2016, achat de 90 046 titres à un cours moyen de 51,74 €
• En 2017, achat de 2 543 titres à un cours moyen de 65,32 €
• En 2018, achat de 14 516 titres à un cours moyen de 60,56 €
• En 2019, achat de 22 061 titres à un cours moyen de 40,92 €
• En 2020, achat de 1 160 titres à un cours moyen de 40,29 €.
Au moment où je finalise ce post, Vicat cote 37,45 €.
Se positionner sur VICAT en imitant les achats d’initié depuis 2015 aurait donc constitué un très mauvais placement : - 38 % depuis les premiers achats de 2015 alors que le CAC faisait + 17 % dans le même temps.
A ce stade de l’analyse, on a donc un dirigeant qui ne montre qu’une confiance très mesurée dans son titre et qui est loin d’être visionnaire dans son timing d’investissement. Alors, on referme le dossier ? Pas si vite ! Au cours actuel Vicat mérite peut-être de l’attention.
Tout d’abord, la société a le même capital social depuis très longtemps. Pas de création d’action, pas de dilution des pp. On note même qu’il n’y a aucun système de stock-options ou d’attribution d’action gratuite pour les dirigeants. Presque un anachronisme par le temps qui courent. Personnellement, je trouve cela très rassurant.
Ensuite, les ventes sont en croissance, certes modeste, mais tout de même de 2,2 % par an depuis 5 ans. Le croissance interne est en berne et le groupe doit acheter d’autres structures pour dégager cette croissance. Mais au final, la croissance est là.
Autre bonne nouvelle, la société a toujours été bénéficiaire, avec un RNCPG compris entre 118 M€ et 151 M€ sur la période, soit entre 4,8 et 5,9 % du CA. Le ROE, quant à lui, est compris dans une fourchette très similaire, entre 4,7 % et 6,1 %. Pas folichon, mais loin d’être nul. Au cours actuel, le PER est de 10,5 tout à fait raisonnable est sensiblement moins élevé que d’autres acteurs du secteur (Lafarge 19,5 ; Eiffage, 16,6 ; Samse 13,20). Ces bénéfices sont en partie redistribués aux actionnaires. Dividende de 1,5 € par an sur la période et à nouveau pour 2020, soit un rendement de 4 % environ. Toujours ça de pris. En ajoutant les dividendes et la croissance des capitaux propres sur les 5 dernières années, la société a créé un surcroît de valeur de 19,2 % pour ses actionnaires. Pas exceptionnel là non plus, mais c’est une performance très saine.
Le cash-flow suit bien. Au cours des 5 derniers exercices, la société a généré un free cash-flow de 893 M€, soit environ la moitié de sa capitalisation boursière actuelle. Cash return moyen sur 5 ans de 5,2 %.
La structure bilancielle est elle aussi rassurante. Les dettes financières représentent moins de la moitié des capitaux propres. Fin 2019, la dette nette représente un peu plus de 4 années de résultat d’exploitation.
La seule chose qui me chiffonne est le montant du goodwill : 1,2 milliard d’euros. Il a grimpé de 217 M€ en 2019 suite à l’achat de Ciplan au Brésil. Le groupe a besoin de faire de la croissance externe pour maintenir et développer son activité. C’est là son point faible. Le free cash-flow, n’est pas aussi « free » qu’il devrait l’être. Une partie semble condamnée à être utilisée pour toujours acheter de nouvelles filiales. Une nouvelle version du tonneau des Danaïdes en quelques sortes.
Avec un cours à 37,45 € la capitalisation boursière représente 72 % des capitaux propres, part du groupe. Sans doute pas très loin d’être une daubasse. La décote est un peu supérieure à celle constatée sur Herige (qui cote actuellement 77 % de ses capitaux propres). Parmi les autres sociétés du secteur que j’ai regardées, aucune ne présente ce type de décote par rapport aux capitaux propres.
En conclusion, Vicat présente des états financiers très solides, sans être exceptionnels. Après avoir été malmenée en bourse depuis des années (- 42 % en 5 ans), elle est peut-être revenue sur des niveaux d’achats. Comptablement, elle vaut 52 € par titre. Par les DCF je trouve une valeur à 46 €. Les comparables boursiers m’indiquent une valeur de référence comprise entre 45 et 51 €. Si on met un objectif à 48 €, le potentiel de hausse est de 28 %. Pas tout à fait suffisant pour moi… mais je vais continuer à la regarder de près. Si elle devait baisser encore un peu, je passerais à l’achat.
Snowball
Cet achat vient à la suite d’une très longue série. Au cours des 5 dernières années, Jacques Merceron Vicat a racheté 180 930 actions de sa société à un cours moyen de 53,64 €. Il a donc déboursé au total 9,7 M€ pour se renforcer dans sa propre structure.
Est-ce un signal d’achat fort ? Pas forcément. La famille Merceron Vicat détient 60,7 % de la société, soit un peu plus de 27 millions d’actions. Vicat sert un dividende de 1,5 € par an, inchangé depuis de longues années. Sur la période de 5 ans étudiée, la famille a donc reçu environ 41 millions de dividendes par an ; plus de 200 millions depuis début 2015. En réinvestissant moins de 10 M€, soit moins de 5 % de dividendes perçus, on ne peut pas dire que Jacques Merceron Vicat mise agressivement sur sa propre société.
Les prix moyens d’achat sur la période témoignent de difficultés boursières de la société :
• En 2015, achat de 50 604 titres à un cours moyen de 60,31 €
• En 2016, achat de 90 046 titres à un cours moyen de 51,74 €
• En 2017, achat de 2 543 titres à un cours moyen de 65,32 €
• En 2018, achat de 14 516 titres à un cours moyen de 60,56 €
• En 2019, achat de 22 061 titres à un cours moyen de 40,92 €
• En 2020, achat de 1 160 titres à un cours moyen de 40,29 €.
Au moment où je finalise ce post, Vicat cote 37,45 €.
Se positionner sur VICAT en imitant les achats d’initié depuis 2015 aurait donc constitué un très mauvais placement : - 38 % depuis les premiers achats de 2015 alors que le CAC faisait + 17 % dans le même temps.
A ce stade de l’analyse, on a donc un dirigeant qui ne montre qu’une confiance très mesurée dans son titre et qui est loin d’être visionnaire dans son timing d’investissement. Alors, on referme le dossier ? Pas si vite ! Au cours actuel Vicat mérite peut-être de l’attention.
Tout d’abord, la société a le même capital social depuis très longtemps. Pas de création d’action, pas de dilution des pp. On note même qu’il n’y a aucun système de stock-options ou d’attribution d’action gratuite pour les dirigeants. Presque un anachronisme par le temps qui courent. Personnellement, je trouve cela très rassurant.
Ensuite, les ventes sont en croissance, certes modeste, mais tout de même de 2,2 % par an depuis 5 ans. Le croissance interne est en berne et le groupe doit acheter d’autres structures pour dégager cette croissance. Mais au final, la croissance est là.
Autre bonne nouvelle, la société a toujours été bénéficiaire, avec un RNCPG compris entre 118 M€ et 151 M€ sur la période, soit entre 4,8 et 5,9 % du CA. Le ROE, quant à lui, est compris dans une fourchette très similaire, entre 4,7 % et 6,1 %. Pas folichon, mais loin d’être nul. Au cours actuel, le PER est de 10,5 tout à fait raisonnable est sensiblement moins élevé que d’autres acteurs du secteur (Lafarge 19,5 ; Eiffage, 16,6 ; Samse 13,20). Ces bénéfices sont en partie redistribués aux actionnaires. Dividende de 1,5 € par an sur la période et à nouveau pour 2020, soit un rendement de 4 % environ. Toujours ça de pris. En ajoutant les dividendes et la croissance des capitaux propres sur les 5 dernières années, la société a créé un surcroît de valeur de 19,2 % pour ses actionnaires. Pas exceptionnel là non plus, mais c’est une performance très saine.
Le cash-flow suit bien. Au cours des 5 derniers exercices, la société a généré un free cash-flow de 893 M€, soit environ la moitié de sa capitalisation boursière actuelle. Cash return moyen sur 5 ans de 5,2 %.
La structure bilancielle est elle aussi rassurante. Les dettes financières représentent moins de la moitié des capitaux propres. Fin 2019, la dette nette représente un peu plus de 4 années de résultat d’exploitation.
La seule chose qui me chiffonne est le montant du goodwill : 1,2 milliard d’euros. Il a grimpé de 217 M€ en 2019 suite à l’achat de Ciplan au Brésil. Le groupe a besoin de faire de la croissance externe pour maintenir et développer son activité. C’est là son point faible. Le free cash-flow, n’est pas aussi « free » qu’il devrait l’être. Une partie semble condamnée à être utilisée pour toujours acheter de nouvelles filiales. Une nouvelle version du tonneau des Danaïdes en quelques sortes.
Avec un cours à 37,45 € la capitalisation boursière représente 72 % des capitaux propres, part du groupe. Sans doute pas très loin d’être une daubasse. La décote est un peu supérieure à celle constatée sur Herige (qui cote actuellement 77 % de ses capitaux propres). Parmi les autres sociétés du secteur que j’ai regardées, aucune ne présente ce type de décote par rapport aux capitaux propres.
En conclusion, Vicat présente des états financiers très solides, sans être exceptionnels. Après avoir été malmenée en bourse depuis des années (- 42 % en 5 ans), elle est peut-être revenue sur des niveaux d’achats. Comptablement, elle vaut 52 € par titre. Par les DCF je trouve une valeur à 46 €. Les comparables boursiers m’indiquent une valeur de référence comprise entre 45 et 51 €. Si on met un objectif à 48 €, le potentiel de hausse est de 28 %. Pas tout à fait suffisant pour moi… mais je vais continuer à la regarder de près. Si elle devait baisser encore un peu, je passerais à l’achat.
Snowball