I3 ENERGY (I3E.L)

Répondre
Godverdomme
3533
Messages : 470
Inscription : 28/02/2020

Message par Godverdomme » 09 août 2024, 15:58

Cours : 9,08 GBX

I3 ENERGY est une société britannique « oil and gas » qui détient des actifs productifs au Canada ainsi qu’un projet « off shore » toujours au stade d’exploration en Mer du Nord.

Ses activités canadiennes sont concentrées sur 4 sites, tous situés en Alberta. La production actuelle est de +/- 25 % pour le pétrole et 75 % pour le gaz et le LNG.

L’histoire de I3 est récente. Introduite en bourse en 2017, elle tentait, vaille que vaille, d’explorer et développer les projets Serenity et Liberator en Mer du Nord. L’histoire aurait pu continuer de manière aussi poussive s’il n’y avait pas eu 2020 et l’effondrement du secteur pétrolier.

Au cours de cette année et de la suivante, la direction d'I3 a fait preuve d'un très gros esprit d'opportunisme en acquérant plusieurs sociétés et actifs canadiens à des prix vraiment très avantageux.

Parmi la dizaine d’opérations effectuées au cours de cette période, les 2 plus significatives sont, selon moi, l’acquisition de Toscana Energy en juin 2020 pour un prix valorisant les réserves 2P à 0,61 USD le baril ainsi que l’achat de Gain Energy en juillet 2020 en payant 1,9 X l’ebitda de la société et en valorisant les réserves 2P à 0,85 USD le baril.

Au cours de cette période, deux augmentations de capital ont été nécessaires mais elles me semblent bien avoir été « relutives » plutôt que « dilutives ».

Si les activités en Mer du Nord n’évoluent que très lentement et qu’aucune date de mise en exploitation n’est, pour l’heure, envisagée, les actifs canadiens ont généré d’énormes cash-flow.

Je laisse donc de côté les actifs européens dont l’avenir est incertain et qui, de plus, ne représentent plus qu’une valeur marginale (à peine 2 % des réserves totales).

Le marché semble craindre qu’I3 ait atteint son pic de production au Canada comme semble le confirmer les résultats du 1er trimestre qui ont connu un recul de la production de +/- 5 % par rapport au 4e trimestre 2023. Il semble que les conditions climatiques ne sont pas étrangères à ce ralentissement mais, dans ce secteur, c’est souvent le prétexte qui est mis en avant ;)

Cependant, l’entreprise détient des ressources facilement accessibles pour renouveler sa production : elle possède un portefeuille diversifié de propriétés pétrolières et gazières au Canada, avec plus de 950 emplacements de forage encore non développés. Ces ressources fournissent à i3 Energy un potentiel pour accroître sa production et ses flux de trésorerie.

Aujourd’hui, elle dispose de 47,1 mio boe de réserves productives mais aussi de 132 mio boe en développement et 200 mio boe en exploration (uniquement au Canada).

A noter aussi qu’au cours du 2e trimestre, I3 Energy a vendu une partie de son portefeuille canadien de royalties, ce qui lui a permis d’une part de ramener son endettement net à 0 et d’autre part, lui fournit de quoi mener à bien son ambitieux programme d’investissement 2024.

Ma conviction personnelle (enfin « conviction » est un bien grand mot, disons plutôt « intuition ») est qu’I3 a plutôt atteint un « plateau de production » plus qu’un « pic » de production.

Sur le plan financier, I3 me semble présenter une valorisation très attractive, à tout le moins si on part de l’hypothèse que la production ne va pas décroître sur le long terme.

Le dividende d’abord : il a été de respectivement 0,36 – 1,05 et 0,34 respectivement pour les années 2021, 2022 et 2023. Si on projette la moyenne de ces dividendes dans le futur, on obtiendrait un rendement moyen de plus de 6 % (exempté de retenues fiscales à la source).

La valeur d’entreprise par rapport à la production journalière : même en tenant compte d’une réduction de la production à 18 000 baril par jour en 2024, j’établis le ratio « valeur d’entreprise/production de baril par jour) à 9 800 USD. Par comparaison, je calcule le même ratio à 24 000 USD de VE par baril/jour pour Vermilion et 51 000 USD pour Maurel & Prom, 2 sociétés pourtant pas considérées comme « chères ».

De même, le ratio « valeur d’entreprise/réserves 2P » s’établit à 0,84 USD le baril alors qu’on paie 8 USD chez Maurel & Prom et 3,4 USD pour Vermilion.

Depuis son introduction en bourse en 2017, la société a généré un BPA moyen de 1,47 GBX (sachant que I3 ne générait aucun chiffre d’affaires avant 2020).

Le free cash-flow moyen est négatif en raison des énormes investissements consentis en 2020 et 2021 mais il s’est élevé à 2,63 G BX par action en 2023.

Enfin, rien que pour les actifs en production, la direction nous propose une NPV10 de 18,9 GBX … alors que ces actifs ne représentent que 12,5 % des réserves totales.

Godverdomme
3533
Messages : 470
Inscription : 28/02/2020

Message par Godverdomme » 13 août 2024, 15:30

cours : 9,19 GBX

Résultats S1 publiés


Production en baisse sur le Q2 de 3% à 18 300 barils par jour (53 % de gaz naturel). En juillet, production de 18 400 barils par jour avec un arrêt volontaire de 310 barils en raison des bas prix du gaz naturel.

position de trésorerie nette en raison de la vente d'une partie de son portefeuille de royalties jugée non stratégique, la dette financière remontera autour de 25 millions fin d'exercice en raison du programme d'investissement en cours.

Pas de surprise selon moi : la direction pilote toujours aussi finement les finances de la société, n'hésitant pas à faire appel au levier d'endettement mais sans excès et ralentissant l'extraction de ses précieuses réserves quand les prix ne sont pas favorables.

La finalisation du programme d'investissement 2024 permettra un retour à une production journalière normalisée au-dessus de 20 000 barils/jour et la mise en exploitation du terminal d'exportation de LNG Canada en Colombie Britannique devrait faire grimper les prix de vente du gaz canadien.

J'espère un retour à un niveau de free cash flow +/- équivalent à celui généré en 2023 pour l'année 2026, voire dès 2025 si les prix du gaz naturel rebondissent fortement.

Godverdomme
3533
Messages : 470
Inscription : 28/02/2020

Message par Godverdomme » 20 août 2024, 15:42

Cours : 12,24 GBX

Après Base Resources, après Fission Uranium, voilà une 3e société de mon portefeuille qui, en quelques mois, fait l'objet d'une OPA ... et comme les 2 précédentes, je pense que c'est trop tôt ... et surtout trop peu.

L'offre pour mes actions I3 Energy consiste en un dividende exceptionnel payé aux actionnaires d'I3 suivi d'un échange d'actions de l'acquéreur et d'un paiement supplémentaire en cash, ce qui, selon, le communiqué, valoriserait I3 à 13,92 GBX par action.

Godverdomme
3533
Messages : 470
Inscription : 28/02/2020

Message par Godverdomme » 25 août 2024, 15:29

L’acquéreur de 3I Energy est donc Gran Tierra Energy, une société indépendante canadienne fondée en 2003 et spécialisée dans l'exploration et la production de pétrole, principalement axée sur des actifs en Colombie.

La société opère exclusivement en Colombie et en Équateur, avec 100 % de sa production constituée de pétrole. La société gère 600 000 hectares bruts répartis sur 25 blocs dans ces régions.

La production moyenne s’élevait à 31 000 barils par jour en 2023 mais la direction s’attend à une production moyenne de 46 000 baril au cours des 5 prochaines années (ces prévisions ont été faites avant l’annonce de l’acquisition de I3 Energy).

Pour l’heure, tous les sites sont en exploitation avec des réserves 2P qui assurent au moins 10 années de production.

Au cours des 5 dernières années, l’ebitda moyen a été de 8,8 USD par action, soit supérieur au cours de bourse. Quant au free cash flow, il s’établit à 2,33 USD par action, en moyenne, sur la même période.

La VANT est à 11,52 USD et les fonds propres à 11,84 USD. La société cote donc en moyenne à 0,66 X ses fonds propres vs un prix moyen de 1,4 X ces 7 dernières années.

Malgré ces énormes cash flows, la société ne distribue pas de dividende.

Avant même l’acquisition de I3 Energy, la solvabilité est faible, à 35,7 % (mais l’endettement financier représente moins de 2 X l’ebitda moyen des 5 dernières années).

La valeur d’entreprise par rapport à la production journalière

En partant de l’hypothèse d’une production de 35 000 barils par jour, j’obtiens une valorisation de 20 794 USD bopd. Pour rappel, j’avais les valeurs suivantes :

Pour I3 Energy : 12 700 (suivant le prix de l’opa)
Pour Vermilion : 24 000
Pour Maurel & Prom : 51 000

Le ratio « valeur d’entreprise/réserve 2P »

J’obtiens une valeur de 4,95 USD. Pour rappel, j’avais les valeurs suivantes :

Pour I3 Energy : 1,09 (suivant le prix de l’opa)
Pour Vermilion : 3,4
Pour Maurel & Prom : 8

NPV10 des actifs en production et réserves 1P

En faisant abstraction des réserves 2P et 3 P, j’obtiens une juste valeur de 16,82 USD par action.

Risques géopolitiques

Je vois évidemment un gros risque pour Gran Tierra : c’est sa localisation exclusive en Colombie, un pays qui n’est réputé ni pour sa stabilité politique, ni pour son grand attachement au capitalisme. Le pays est classé 19e d’Amérique latine sur 32 au Freedom Index des libertés économiques, certes devant le Brésil ou le Venezuela mais derrière le Paraguay ou le Pérou.

Je vais à présent tenter de donner une valeur à l’ensemble fusionné.

La nouvelle entité aura un capital composé de 37,1 millions d’actions.
L’endettement financier va augmenter de 165 millions usd.

En tenant compte de ces éléments, je calcule une NPV10 pour les actifs en production et les réserves 1P de 23 USD (soit bien supérieur à la valeur avant rachat, ce qui démontre bien que l’opération est relutive pour les actionnaires de Gran Tierra et que les actionnaires de I3 sont « roulés dans la farine » puisque leur société est valorisée nettement moins cher pour un profil de risque inférieur.

De plus, par cette acquisition, Gran Tierra va plus que doubler ses réserves 2P, les faisant passer de 147 million boe à 326 millions boe et la production journalière augmentera de 50 % passant de 35 000 baril par jour à 53 000 barils.

La valeur d’entreprise comparée à la production journalière passerait donc de 20 794 à 17 792 et le ratio « valeur d’entreprise/réserves 2P » passerait à 2,89 USD le baril.

Bref, j’ai le sentiment que Gran Tierra a réalisé une excellente opération en acquérant « ma » I3 Energy à ce prix.

Et la nouvelle entité lui apportera un équilibre géographique avec des réserves directement exploitables situés dans un pays plus stable et plus sûr. La contrepartie de l’opération étant une dégradation du bilan.

Pour un éventuel achat d’actions, nous avons le choix : l’action est cotée sur le NYSE, la Bourse de Toronto et la Bourse de Londres.(cours actuel : 7,71 USD)

Répondre

Connexion

Statistiques

____ membres / 2 000 max (___ places disponibles avant la limite)

30580 messages • 1191 sujets