
Cours : 6 300 JPY
Comme son nom l'indique, Bank of Kyoto est originaire de Kyoto (ancienne ville impériale) et finance historiquement des entreprises dans la région de Kyoto.
Qu'est-ce que je suis venu faire dans cette affaire ?
En effet, les banques, ce sont des boites noires à effet de levier. Tout ce que je déteste...
Mais Bank of Kyoto a quelques particularités. Déjà c'est une petite banque avec une capitalisation boursière de 466 Md JPY = 3,5 Md $.
Secundo, elle est valorisée 0,49x ses fonds propres. J'ai donc des actifs à moitié prix. Bon ça, c'est assez classique dans l'univers bancaire actuel. Ce qui l'est moins, c'est son levier "modéré" avec un total bilan / fonds propres (31.12.2022) = 10 806,582 / 956,792 = 11,3x.
C'est élevé en absolue mais modéré en relatif. Par exemple, le levier de la banque française BNP Paribas est de 21,9x ! Le bilan de Bank of Kyoto est donc assez solide pour une banque.
Bon tout ça c'est assez classique. Il y a autre chose.
La banque est le 3ème actionnaire de Nintendo (7974). Elle détient 3,76% du capital du géant des jeux vidéo, soit 48 802 000 actions. Cette seule participation, au cours de 5 467 JPY, vaut 266,8 Md JPY soit 57% de la capitalisation boursière de Bank of Kyoto.
Si on ajoute la 2ème participation constituée des 24 798 000 actions du géant industriel Nidec (6594), valorisée (cours = 6 730 JPY) = 166,9 Md JPY, on atteint la somme de 433,7 Md JPY ce qui couvre 93% de la capitalisation boursière de la banque.
En fait, Bank of Kyoto a une trentaine de participation dans le capital d'entreprises. Elles sont valorisées au 31.12.2022 environ 900 Md JPY [et non 3 000 Md JPY = portefeuille actions + obligataire] soit à peu près 2x la capitalisation boursière de la banque. Source : Kaijinet
Bien sûr, la banque ne peut pas céder ses participations pour les retourner à ses actionnaires car avec ses 959,4 Md JPY de fonds propres, sa situation nette serait proche de 0. Impossible réglementairement et inenvisageable niveau gestion. Disons plutôt que ces participations non opérationnelles permettent à la banque d'être surcapitalisée et de solidifier son bilan. Car en face, il y a du passif.
Je trouve ça intéressant d'être investi dans une banque dont les seuls participations dans des grosses entreprises cotées dépassent largement la capitalisation boursière.
Ça c'était mon constat de départ. Ensuite, j'ai découvert 2 points supplémentaires qui pourraient permettre d’accélérer la création de valeur actionnariale via la réduction de la décote :
1/ La banque veut se transformer en holdings :
Source : https://www.kyotobank.co.jp/en/ir_libra ... 221031.pdf(...) we have decided to start concrete consideration of the transition to a holding company structure with the aim of strengthening the group’s management structure by expanding our business domains, increasing the independence and cooperation of each group company, and enhancing governance.
Sortir de la stricte réglementation bancaire ?
Avec une volonté de réduire ses participations stratégiques pour créer plus de valeurs pour les actionnaires. 50% du produit de ces ventes seront retournés aux actionnaires. Cette annonce date du 25 mai 2022.
Source : https://www.kyotobank.co.jp/en/common/p ... 220525.pdf
2/ Le fonds britannique Silchester International Investors - qui ne se définit pas comme "activiste" mais semble vouloir quand même faire bouger les choses - est le premier actionnaire à 7,07% du capital. Il est au capital de la banque depuis 2006 et a augmenté récemment sa participation. Il a commencé à sortir les muscles l'année dernière - après 15 ans de discussion avec le management ! - en publiant des recommandations par 3 fois (le 14 février 2022, le 27 avril 2022 et le 23 mai 2022) mettant en avant les points suivants :
> La demande de distribution d'un dividende exceptionnel issu de 100% des dividendes versées pars les participations détenues + 50% des bénéfices du business récurrent : refus de la banque car ne rentre pas dans le projet à long terme de création de valeur pour les actionnaires.
Silchester réfute cet argument, la surcapitalisation de la banque est un atout pour le confort du management pas pour les actionnaires.
Par exemple, sur l'exercice 2021 Bank of Kyoto a reçu 17,3 Md JPY de dividendes de ses participations mais n'en a distribué que 4,3 Md JPY à ses actionnaires. En fait, le business déficitaire de la banque est "sauvé" par les dividendes perçus de ses participations ! En gros, Silchester dit : "arrêtez votre activité bancaire en pertes, et reversez les dividendes des participations aux actionnaires".
> Pousser aux rachats d'actions, dans l'intérêt de la création de valeur actionnariale sur le long terme.
> La valeur des participations cotées dépassent la capitalisation boursière de la banque. Le management met en avant l'argument que détenir ces actions améliorent les relations avec les clients. Ce qui est ridicule selon Silchester.
> Le ROE historique de la banque est de 3% - ce qui est faible - du fait d'une allocation de capital non optimale. Il faut augmenter le dividende de base + des dividendes exceptionnels, aux bénéfices des actionnaires, des acteurs économiques de la communauté de Kyoto.
Lettres à lire ici : https://www.silchester.com/pdfs/Silches ... nglish.pdf
Les choses commencent un peu à bouger. Pas assez vite selon Silchester, mais c'est un début.
La banque a considéré avoir un bilan assez solide pour augmenter son dividende (de 120 à 140 JPY pour l'exercice en cours) et reprendre les premiers rachats d'actions depuis 2018 en 2022 (d'abord une annonce de 0,9% du capital en novembre 2022 puis 0,6% du capital en janvier 2023).