Bonsoir, pour compléter les réponses précédentes, voici d'abord un schéma maison (ça se voit

), pour avoir une vue d'ensemble de la chaîne de valeur mise en place au fil des siècles par TFF :
Comme on peut le voir, TFF sécurise son approvisionnement en "or brun" en l'achetant à l'ONF (l'Office National des Forêts). On parle d' "or brun" car il faut avoir conscience qu'il s'agit pour notre tonnellerie d'un accès quasi exclusif (ou en tout cas très privilégié, à l'aide de contrats pluriannuels apportant une bonne visibilité aux approvisionnements) à
des chênes de qualité supérieure. Cette qualité est un marché de niche (15% environ du marché de ce bois) et comme pour tout, la qualité a un prix ! Pour illustrer, j'ai lu dans un article des Echos que fin 2022, aux enchères de l’ONF, TFF a investi avec ses filiales Sogibois et Tronçais Bois Merrains 4,6 millions d'euros pour acquérir 10.000 m3 de chêne sur pied. C’est
un prix record car :
- beaucoup d’arbres sont morts avec les derniers épisodes caniculaires.
- 2022 a été un excellent cru pour les vendanges.
- ces grumes de chêne ont été qualifiées d’exceptionnelles par l’ONF car les arbres avaient été plantés au XVIIe siècle !
Toutefois, fait important, on peut voir aussi que TFF dispose également de ses propres sociétés qui sécurisent son approvisionnement ; plus précisément en exploitant elle-même des parcelles forestières pour une partie de ses besoins, avec notamment l’acquisition de la maison Idelot en 2016 dont les meilleurs chênes sont réservés aux fûts du groupe. La
maison Idelot est implantée au milieu d’un des plus grands massifs forestiers français et accoutumée au savoir-faire ancestral du groupe dans le choix des grumes.
Enfin, comme on peut le constater sur
cette vidéo de fabrication des merrains, l'approvisionnement en chêne n'est pas seulement français : je suppose que pour les merranderies, la proximité avec les sources d’approvisionnement en chêne est nécessaire, comme avec les merranderies McGinnis au Missouri et Trust Hungary en Hongrie mises en image ici.
TFF est donc totalement autonome pour le chêne français et quasi autonome sur la plupart des autres approvisionnements, probablement à des prix d'acquisition différents.
Comme très bien expliqué dans les posts précédents, le
pricing power fait encore son œuvre, même à une époque où les prix du matériau de base est historiquement élevé et ces stocks ont la particularité d'être un véritable actif caché puisqu'il sont comptabilisés au prix d’acquisition et valent probablement plus au prix du marché après quelques années (ils couvrent plusieurs mois/années de production selon les alcools). Même si évidemment, le vendre n'aurait aucun sens pour l'entreprise.